« La Création » de Haydn – Gli Angeli Genève

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Die Schöpfung, chef-d’œuvre de Joseph Haydn interprété par l’ensemble Gli Angeli Genève, sous la direction de Stephan MacLeod et Kristian Bezuidenhout.

À Londres, dans les années 1790, Joseph Haydn assiste à l’exécution d’œuvres chorales de Haendel. Sous le charme, le maître viennois se tourne alors vers l’oratorio. Die Schöpfung s’inspire de la Genèse et du Paradis perdu de Milton. Une œuvre à l’apogée du classicisme, dans laquelle se mêle l’influence du Singspiel et du lyrisme mozartien, aux mouvements fugués, hommages à Haendel.

Avec Gli Angeli Genève (chœur et orchestre), Sandrine Piau (soprano), Werner Güra (ténor), Stephan MacLeod (basse et direction) et Kristian Bezuidenhout (pianoforte et direction)


Informations générales : durée du concert 2h, ouverture des portes dès 16h00, réservations sur monbillet.ch ou par téléphone au +41 (0)24 543 00 74 dès le 30 avril 2022.

Retour sur « La Création » de Haydn avec Gli Angeli Genève au Temple du Sentier le 12 juin 2022

Le concert du dimanche 12 juin fut splendide avec cette re-découverte du plus célèbre oratorio de Haydn de la période classique assez délaissée (à part le Requiem de Mozart) par les chœurs d’oratorio. L’œuvre est longue env 2h et nécessite une formation symphonique très complète et coûteuse si l’on respecte l’équilibre des parties de l’orchestre. Ce fut parfaitement réalisé par le chef Stephan Mac Load. qui a su s’entourer d’excellents instrumentistes et l’orchestre (sans nom ou sous le nom Gli Angeli) a été une des révélations de ce concert. Jouant debout et entourant chœur et solistes, l’orchestre a imprimé une dynamique toute en contrastes, en finesse et en qualité sonore sans oublier la virtuosité de certaines parties, la cristallité veloutée des flûtes/traverso, la suavité des couleurs des cordes basses alti, celli et contrebasses, ou encore celle des bois et des cors, l’éclatante sonorité des trombones et trompettes soulignée par des tymbales. Le public a été saisi par la complicité des instrumentistes à l’affût de la gestique précise de la violoniste « Konzertmeister » palliant à l’absence momentanée de celle du chef.  Dès les premières notes de l’introduction, le chef a su instituer un climat envoûtant et émotionnel, un contact permanent avec un public super attentif aux dialogues des instruments et plus tard des récitatifs, arias et chœurs dont on pouvait suivre facilement l’épopée par la traduction des textes chantés grâce au sur-titrage projeté comme en opéra.

Il est d’usage d’admirer un chef maîtrisant un tel oratorio à la commande d’une immense phalange chorale et orchestrale. En fait le public a été médusé par la présence de ce chef et soliste à la belle voix basse, se tournant immédiatement vers le public pour enchaîner en toute simplicité un récitatif ou un air seul ou en duo. Les trois remarquables solistes, Sandrine Piau  soprano, Werner Güra ténor et Stefan Mac Load basse ont magnifiquement tenu leur rôle en l’interprétant de façon vivante et convaincante, comme le chœur Gli Angeli du reste, impeccable dans sa prestation parfaitement maîtrisée..

Le succès de ce concert tient d’abord à la haute qualité de cette composition considérée comme le chef d’oeuvres de Haydn, même si les textes choisis ne présentent pas d’intérêt particulier. Mais la musique de Haydn est vraiment magnifique, colorée et bien descriptive de l’évènement.

Rappelons encore que l’œuvre est partagée en 3 parties.

  1. Création de la lumière primaire, de la terre, des corps célestes, des étendues d’eau, du temps et de la vie végétale
  2. Création des créatures marines, des oiseaux, des animaux et enfin de l’homme.
  3. Septième jour où Dieu se repose et contemple son œuvre ; le bonheur amoureux d’Adam et Ève

Stephan Mac Load a intelligemment mis une pause importante au milieu de la 2e partie après le Terzett et chœur « Le Seigneur est grand dans sa puissance » permettant de bien répartir et mieux apprécier la longueur de l’œuvre.

La poursuite des louanges au Seigneur dans la 2e partie était finalement agréablement contrastée dans cette 3e partie avec cet étonnant et délicieux dialogue amoureux d’Adam et Eve à faire hurler les féministes en mal d’égalité des sexes, par la soumission avouée et sublimée de la femme à son mari, que l’on retrouve tout de même facilement dans les écrits du siècle passé, voire encore dans notre livret de famille.

Mais la musique y est diablement belle, descriptive, suggestive.  C’est dans cette partie que l’on découvre vraiment la présence intéressante du pianoforte comme accompagnement des récitatifs et duos, instrument magnifiquement tenu par le pianiste Kristian Bezuidenhout. Le choix de cet instrument historique à la sonorité un peu clinquante était bien justifié et n’a pas du tout suscité un regret de comparaison avec le clavecin ou le piano moderne à la sonorité plus veloutée.

Le public saisi d’émotion a été totalement conquis par cette production de très haute qualité, marquant son admiration et sa reconnaissance par une longue ovation debout. Ce concert « oratorio » restera incontestablement dans les annales des RCVJ comme l’un des plus beaux entendus à la Vallée de Joux.

2 Responses

  1. Fraisse

    As tu on quelque part analyser le livret de Milton pour la Création de Haydn sous l’angle de l’approche féministe. Je pense notamment au passage où est évoquée la soumission d’Eve à Adam.

    • Administrateur

      Bonjour, non pas en ligne. Il vous faudrait voir directement avec les artistes pour avoir cette perspective.

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